Coulures fantomatiques, danseurs, bestiaire et fantômes
Que voyons-nous
de près, de loin ?
Que voyons-nous quand nous passons devant un mur en béton ? Rien, en général. Sans prise, sans frise, sans accroche pour retenir le regard, trop lisse, laisse tomber, le béton ne serait qu’un matériau de construction fait de poudres et de pierres concassées ?
Malgré sa compacité, le béton vieillit. Il se lézarde et suinte. Produites par les infiltrations, les coulures laiteuses nourrissent le révélateur involontaire de figures qui tiennent de la fantasmagorie ou des tests de H. Rorschach.
Concrétions stalactites, dessins pariétaux de notre époque, ces traces oniriques résultent de l’écoulement du temps : les années nécessaires à leur formation et la durée du regard photographique qui fait advenir de nouveaux récits.
Les figures libres de ce jeu récréatif appartiennent à ceux qui les regardent, chacun construisant ce qu’il lui plait de voir. Ainsi, là où il n’y avait rien, il y a désormais nos visions informées, maquillages de pierres, poudres aux yeux ou feux d’artifice de mondes imaginaires.
© 2018-Jacques Lamy.


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